Salle des marchés : propice à l’intelligence Économique ?
L’Intelligence Économique (IE) n’est en fait que du bon sens : Savoir comment chercher et suivre l’information, la vérifier, l’analyser et la communiquer, l’exploiter, influencer … pour rendre les organisations plus fortes, face à leurs concurrents ; tout en se protégeant.
Chercher et suivre l’information signifie, qu’il ne faut pas hésiter à oublier les sources traditionnelles, qui sont nombreuses. Internet n’est heureusement pas la source principale, même si elle est incontournable, si on sait comment l’utiliser. Parler aux gens, aller sur le terrain, observer son environnement, lire des livres, voyager, écouter les différentes radios et lire les différents quotidiens et surtout, ne pas dénigrer les « anciens » qui sont de belles sources d’informations et de raisonnements.
Vérifier l’information signifie aussi qu’il faut être conscient que ce n’est pas parce qu’une information est publiée par une source ayant bonne réputation et a pignon sur rue, qu’elle est juste.
Un opérateur de salle des marchés reçoit des tonnes d’information chaque jour, par mails externes ou internes, qu’il n’a évidemment pas le temps de lire. Il n’a pas non plus le temps d’aller explorer de nouvelles sources que celles qui leur sont imposées. Chaque matin, un commentaire de marché est fait. Il reçoit alors l’analyse des économistes, des chartistes … Il est inondé d’informations qu’il n’a pas le temps de lire, ni de vérifier, ni d’analyser. En général, la lecture des articles se limite à celle du titre à cause du manque de temps.
Paradoxalement, une salle des marchés fonctionne en vase clos. Rares sont les opérateurs qui s’extraient de leur spécialité pour en visiter d’autres, comme la géopolitique par exemple.
Un opérateur doit prendre ses décisions très rapidement (parfois trop …). Il n’est pas rare, lorsqu’un chiffre économique vient d’être publié sur les écrans, que le marché prenne une direction, puis parce que l’analyse du chiffre est enfin faite et diffusée, que le marché prenne alors l’autre direction.
L’appât du gain à court terme imposé aux opérateurs et matérialisé par un bonus annuel (parfois trimestriel), qui même les mauvaises années feraient rêver de nombreuses autres professions, participe parfois à la mise en place d’opérations de façon un peu trop précipitée. La crise des subprimes en est une magnifique illustration : les marges sur les produits concernés (Collateral Debt Obligation, Asset Backed Commercial Papers etc.) étaient colossales alors pourquoi « chercher la petite bête » qui empêcherait d’engranger un joli profit, et donc d’obtenir un coquet bonus.
Tous les responsables de salle des marchés ne ressemblent pas à Damien Lewis dans la série « Billions » qui est remarquable en termes de démonstrations d’influence et de manipulation. Dans les salles des marchés plus traditionnels, les capacités d’influence et de manipulation sont bien moindres. De plus, la réglementation financière, dont les règles sont de plus en plus strictes, limite largement le pouvoir de manipulation des gens de marchés.
Enfin, les cyberattaques sont curieusement épisodiques dans les banques, proportionnellement à la somme et la qualité des informations qui pourraient être détournées. La cybersécurité est au point : « la sécurité a un coût mais n’a pas de prix. »
I.Klein