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L’eau en France : Un « vrai sujet » ?

L’eau : ce sujet est actuellement très médiatisé. Suite à la sobriété énergétique, imposée par la guerre en Ukraine, par la fermeture de certaines centrales nucléaires en France etc. nous avons droit à la sobriété en eau. Plus de douche trop longue, plus de brossage de dents sans arrêter le robinet, plus de rinçage de légumes intempestif, plus de chasse d’eau automatique, plus de shampoing trop régulier … et ceux qui, à la fois, prennent des bains et jouent au golf sont mis d’office au pilori ! Bref ! L’eau est à consommer avec modération.

« Nos réserves en eau sont largement supérieures aux besoins » et les gros consommateurs ne sont pas toujours ceux que l’on croit.

D’après le centre d’information sur l’eau, nos réserves en eau « sont largement supérieures aux besoins » : nos besoins en eau sont de 32 milliards de m3 par an alors que nous disposons de 193 milliards de m3 par an de précipitations qui restent sur le territoire.

Le site “notre-environnement” de la République Française nous apprend qu’il y a environ 500m3 de précipitations par an en France en moyenne. Sachant que 61% de cette eau s’évapore, on retrouve le chiffre de 193 milliards d’eau précipitée par an qui s’infiltre dans les sols. Cette eau reconstitue nos réserves souterraines (23%) et alimente les différents cours d’eau (16%).

Grâce au Service Public d’Information sur l’Economie de l’Eau, nous savons que la consommation moyenne quotidienne d’un français en 2020[1] est de 149 litres, donc 54,42m3 [2] par an. La France compte 68 millions d’habitants environ, le besoin domestique en eau par an au niveau national est donc de 3,7 milliards de m3.

Si la consommation moyenne baissait de 10%, comme Emmanuel Macron le désire pour 2030, le besoin en eau domestique passerait à 3,33 milliards de m3 par an, ce qui correspond à une baisse de 0,37 milliards de m3… une goutte d’eau, comparée au besoin de 32 milliards de m3 pour la France entière et au presque 200 milliards de m3 à disposition. L’impact des efforts demandés aux citoyens, même s’ils sont louables, est dérisoire.

Les centrales électriques, pour leur refroidissement, prélèvent 51% de l’eau, mais elles en rejettent la quasi-totalité dans la nature, d’où elle a été prélevée. L’eau est donc de nouveau disponible. Ce secteur consomme finalement peu d’eau.

Toute une polémique, encouragée par la Nupes, a été faite contre les golfs. Or, 90% des golfs n’utilisent pas d’eau potable mais « des eaux impropres à la consommation humaine comme des eaux de surface,  eaux pluviales, de plus en plus des eaux usées traitées de stations d’épuration ou bien encore des eaux agricoles ». N’oublions pas également que le besoin en eau d’un golf est concentré sur 6 mois de l’année.

En revanche, l’agriculture consomme presque toute l’eau qu’elle prélève puisqu’une fois utilisée, elle s’évapore et s’infiltre dans le sol. Mais c’est pour la bonne cause : nous nourrir et exporter ! La France est le premier exportateur mondial de vins et spiritueux, de pommes de terre et était le 5ème exportateur agricole mondial en 2021.  La balance commerciale agricole est un des rares secteurs à être excédentaire après l’aéronautique-spatial et la chimie.

Les quantités d’eaux disponibles ne sont pas que dans les nappes phréatiques.

Les nappes phréatiques sont constamment prises comme les représentantes du degré d’eau dans notre pays, or, elles n’ont pas le monopole de la détention de ce qu’on appelle désormais l’or bleu. Seulement, 62% de l’eau potable viennent des nappes souterraines. Le reste provient des lacs, fleuves, etc, de ce que l’on appelle les eaux de surface, eux-mêmes pouvant être alimentés par les nappes phréatiques.

Le site BRGM nous informe du niveau des nappes phréatiques chaque mois. En été, les niveaux sont bas, en hiver les niveaux sont plus élevés. Ce qui n’est pas très étonnant, puisque l’été il pleut moins et on consomme plus d’eau, et qu’en hiver on consomme moins d’eau et qu’il pleut davantage.

La totalité des étangs français cumulerait 1,6 milliards de mètres cubes d’après une étude publiée dans Physio-Géo de L. Touchart et P. Bartout. A ce volume, qui parait faible comparé à nos besoins, il faut y additionner ceux des lacs, des mares, des marais, des barrages, des fleuves et des plans d’eau artificiels comme les canaux.

Le bassin versant de l’Adour, le bassin de la Somme représentent également des réservoirs très importants. Les 4 principaux fleuves français (Garonne, Loire, Rhône et Seine) font office de principale réserve d’eau française et transportent 63% de l’eau douce française. Nous bénéficions également des fleuves des pays voisins comme le Rhin. Les montagnes aussi représentent de bons réservoirs d’eau.

Enfin, sur les zones côtières, de l’eau de mer peut être dessalée puis utilisée par la population. Le procédé de dessalement ne serait pas vraiment écologique, mais ceci est un autre sujet.

GreeCross nous donne également une bonne nouvelle en nous apprenant que « certains pays touchés par de fortes sécheresses peuvent avoir à faire appel à leurs réserves. En France, ce n’est pas le cas. La ressource annuelle est largement adaptée aux besoins de la population. Le bilan est positif tant au niveau des quantités d’eau utilisées que des quantités stockées, en cas de bouleversement extrême ».

Réjouissons-nous de toutes ces bonnes nouvelles, mais il est nécessaire de rester nuancés

Il existe malheureusement une certaine disparité en termes de consommation d’eau et de réserves, selon les régions et les périodes.

En période estivale notamment, des restrictions sont imposées dans les régions du sud. En effet, les régions touristiques voient leur consommation d’eau grimpée alors que les pluies se font rares et que la température est élevée. Mais, finalement, ces contraintes sont ponctuelles.

L’été 2022 a été marqué par de fortes restrictions, alors que l’été 2021 fut une des années les moins touchées par le manque d’eau. Et en mai 2023, les nappes phréatiques de Vendée débordaient.

La disparité des sols joue également un rôle important. Par exemple, en Bretagne, le sol est granitique donc il retient moins l’eau souterraine. Pour éviter un manque d’eau, des barrages et des réservoirs ont été créés.

Certains parlent de bombe à retardement du fait du dérèglement climatique : En effet, des précipitations trop violentes associées à des terres arides empêchent l’eau d’atteindre les nappes phréatiques. C’est le coup de l’éponge : une éponge très sèche a du mal à absorber l’eau.

En revanche, nous n’aurons, en France, aucun problème avec la hausse démographique. D’après les projections de l’INSEE, la population française augmenterait jusqu’en 2044, puis diminuerait à 68,1 millions d’habitants en 2070.

Compte tenu de toutes ces informations, pourquoi alarmer les citoyens?

Serait-ce pour délocaliser la responsabilité des décisions ou des non décisions de l’Etat sur la population, pour ensuite la culpabiliser, injustement, puis lui imposer une augmentation des prix ?

Serait-ce pour donner du grain à moudre aux médias ?

Emmanuel Macron a mis en place une série de décisions au sujet de l’eau en Mars 2023 : Serait-ce pour gagner l’électorat des écologistes ?

Conclusion

Des progrès sont bien sûr à faire pour diminuer les gâchis, améliorer la qualité de l’eau. Les solutions proposées sont bien connues. En vérité, la problématique de l’eau  n’est pas en termes de quantité sur le territoire mais plutôt, en termes de disparités régionales et saisonnières. Les Français vivent actuellement sur le flux d’eau annuel et non sur les réserves, le risque de pénurie est donc inexistant.

Surtout, il ne faudrait pas comparer la France au reste du monde et généraliser les problèmes de nos voisins plus ou moins lointains à notre cas.

Prenez votre voiture (non électrique si vous voulez faire des kilomètres) et vous constaterez que le Rhône est toujours aussi plein, la Dordogne …n’en parlons pas,  que la Seine supporte toujours les péniches, que l’Issoire coule, que le lac de Serre-Ponçon est rempli … et aussi que les campagnes françaises sont majoritairement verdoyantes.

I.Klein

[1] Ce chiffre est stable depuis de nombreuses années.

[2] 1 m3 = 1 000 litres  - Le nombre de jours moyen d’une année = 365,25 jours (149 * 365,25)/1 000 = 54,42 m3.