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Natixis : a-t-il eu erreur de gestion sur les Autocall ?

Natixis a enregistré une perte de 100 millions d’Euros au quatrième trimestre 2018 et a provisionné la somme de 160 millions d’Euros pour 2019. La raison serait la mauvaise gestion de la couverture des produits structurés de placement en actions, pour lesquels Natixis est ‘Market-Maker’, notamment des Autocall, vendus à des clients sud-coréens.

Le principe d’un ‘Autocall’ est, qu’en contrepartie d’un taux de rémunération supérieur à celui qu’offrirait une obligation classique, la date de remboursement du capital et parfois son montant, sont inconnus lors de la conclusion du contrat.

La simple règle du rapport ‘rendement – risque’ est donc bien respectée. Si vous pouvez obtenir un rendement supérieur au prix du marché, il existe un risque, soit de contrepartie, soit de liquidité, soit de marché …

L’investisseur, en obtenant un taux de rémunération supérieur à celui d’une obligation classique, prend le risque d’être remboursé plus tôt que l’échéance prévue et éventuellement de perdre une partie de son capital.

Comment est construit/ géré un Autocall  ?

Un Autocall est construit à base d’options à ‘barrière’. Celles-ci sont vendues pour permettre aux vendeurs du produits de procurer un intérêt supérieur à celui du marché à l’acheteur.

Ces options sont bien connues depuis plus de 20 ans. Les traders sont donc bien aguerris à la gestion de ce type d’options.

Pour gérer une option, il y a des opérations à effectuer régulièrement sur le marché, de vente et/ou d’achat du sous-jacent (voire d’autres types d’options). C’est-à-dire que si l’option porte sur un Indice actions, le trader devra acheter ou vendre l’indice en fonction des mouvements de ce dernier. Les montants peuvent être très importants ou très faibles.

Pourquoi, alors, Natixis a-t-elle enregistré une perte ?

L’indice actions sur lequel portait les « Autocall » était le Kospi, Indice Actions Sud-Coréen

Le KOSPI a perdu plus de 10% en octobre 2018 et l’Indice a connu une forte volatilité. Le graphique ci-dessus montre même qu’il y a eu des ‘trous’ dans le marché, c’est-à-dire qu’il n’existe plus de cotations, qu’aucun Market-Maker ne pouvait faire de prix. Aucune liquidité. Alors, dans ces conditions, comment effectuer les opérations de couverture d’achat ou de vente ? C’est impossible.

La perte n’est donc pas due à une erreur de gestion mais à des événements de marché exceptionnels, non prévisibles, et non techniquement gérables.

Depuis la crise des Subprimes les produits structurés sont décriés, critiqués, bannis, mis au pilori … or, il est évident que des investisseurs, ainsi que des banquiers, ont fait des profits grâce à ces produits. Natixis a d’ailleurs dû engendrer quelques bénéfices grâce aux Autocall, sans que jamais ceci soit mis en exergue dans les médias. Certains investisseurs ont dû également engranger quelques rendements intéressants, sans qu’ils ne s’en vantent.

La règle du rapport « rendement-risque » est une nouvelle fois vérifiée …

I.Klein